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Oslo, Norvège

17, 18 et 19 juin 2014

Nous voici finalement en Norvège, très heureux d'y être, depuis le temps qu'on en parlait, nous y voilà!
La Suède, nous n'avons fait que passer, nous nous proposons de la visiter au retour.

Oslo, la capitale norvégienne, une ville en constante évolution pour ne pas dire ébullition! De la construction partout, plus facile d'y circuler à pied qu'en motorisé ou en moto! C'est encore sous le beau soleil que nous découvrons Oslo. La première journée fut consacrée au centre ville qui nous apparaît moins flamboyant que Copenhague mais intéressant tout de même.

Le fameux Opéra d'Oslo, comme un glacier flottant dans l'eau

Plus célèbre édifice de la ville, l'Opéra d'Oslo fait la fierté de ses habitants. Inauguré en 2008 et construit au coût de 500 millions d'euros, elle symbolise une nation moderne qui se veut un centre culturel de classe mondiale. C'est la pièce maîtresse d'un grand projet de redéveloppement du front de mer qui devrait durer jusqu'en 2020. Son design fait penser à un glacier flottant sur les eaux d'Oslo. Particulièrement impressionnant est son toit conçu comme un tapis de pentes et de surfaces plates où on peut marcher. Flottant au large de l'opéra, une sculpture de verre et d'acier tourne sur elle-même avec les va-et-vient de la marée, offrant au spectateur une perspective de l'oeuvre toujours différente. À l'intérieur, dans le grand hall est installé un mur de vagues constitué de bandes de chêne doré toutes en courbes qui contraste bien avec la blancheur extérieure de l'édifice.


L'Hôtel de ville d'Oslo

L'Hôtel de ville se veut lui aussi résolument moderne même s'il date de 1950. Construit en briques rouges et flanqué de deux tours, on peut le qualifier d'original mais d'assez peu esthétique. C'est ici que chaque année, le 10 décembre, est remis le Prix Nobel de la Paix. Mais pourquoi Oslo alors que tous les autres prix Nobel sont remis à Stockholm? «Dans son testament, rédigé en 1895, Alfred Nobel, fondateur suédois du prix et inventeur de la dynamite, demandait que les intérêts de sa vaste fortune récompensent chaque année ceux qui, durant l'année écoulée, auront apporté les plus grands bénéfices à l'humanité.» Mais on ignore pourquoi Nobel choisit Oslo pour son prix de la paix...

Manif africaine devant le Parlement norvégien, le Stortinget

Aussi construit en briques mais plus agréable à l'oeil est le «Stortinget», le Parlement norvégien, est l'un des plus beaux parlements d'Europe dit-on. Ses briques jaunes nous offrent en effet de beaux reflets au soleil couchant ce qui nous fait un peu oublier les manifestants africains et leurs pancartes qui dénoncent des violences en Somalie.

Oslo regorge de musées mais il fait trop beau, on ne se résout pas y entrer, peut-être au retour nous disons-nous...

Mais il y a un musée en plein-air, le Parc Vigeland qui a fait notre bonheur, on y a passé un magnifique après-midi entouré de 212 œuvres du sculpteur norvégien, Gustav Vigeland (1869-1943).

Le Monolithe de Gustave Vigeland

«Pièce maîtresse du parc, le «Monolithe», une œuvre de granit de 14 m de haut, coiffe la plus haute colline du parc. Cette sculpture stupéfiante nécessita le travail quotidien de trois tailleurs de pierre de 1929 à 1943. Elle fut réalisée dans un seul bloc. Elle représente un saisissant enchevêtrement de 121 personnages luttant pour atteindre le sommet. Des rangées de statues en pierre ornent les marches qui l'entourent. Les personnages et le monolithe ont suscité de nombreuses interprétations : représentation phallique, lutte pour la vie, aspiration pour les sphères spirituelles etc. Du socle qui supporte la colonne, une série de marches est ponctuée de personnages illustrant l'éventail complet des émotions humaines. Les nombreuses sculptures qui parsèment le parc alentour déclinent les thèmes favoris de l'artiste, du réalisme au grotesque.»

Magnifique fontaine en bronze au centre du parc, oeuvre de Vigeland également

Il y aurait encore beaucoup à voir à Oslo mais c'est déjà la fin juin et nous avons hâte de découvrir les fjords et le reste du pays alors nous reprenons la route, c'est grand la Norvège, il faut avancer!

Le Sud : Heddal, Risor, Flekkefjord, Sogndalfjord et Stavanger

20 au 23 juin 2014

Église en «bois debout» d'Heddal, la plus grande du pays

Cap sur la pointe sud de la Norvège mais au passage, un arrêt à l'église d'Heddal, dans la région du Télémark, s'impose. C'est la plus grande des 28 églises «en bois debout» de la Norvège. «Les églises en bois debout (stavkirker) sont sans conteste le plus célèbre apport norvégien à l'architecture. Apparus à la fin de l'ère viking et grandement restaurés, ces sanctuaires figurent parmi les plus anciens édifices en bois de la planète. Tirant leur nom de leurs piliers verticaux (stav), ils se distinguent également par leur sculptures détaillées, les pignons en tête de dragon rappellent les proues des bateaux vikings, et par leur silhouette élancée. Sur les 500 à 600 qui existaient autrefois, il n'en reste que 28.»

Porte toute de bois sculpté
L'église d'Heddal daterait de 1242 mais des parties du choeur remontent à 1147. Ses 12 grands pieux en pin norvégien et ses 6 plus petits sont tous coiffés de têtes de personnages terrifiants.

On y pénètre par 4 portes sculptées de motifs floraux. Ses sculptures décrivent la légende païenne de Sigurd, le tueur de dragons viking, transformée en parabole chrétienne opposant Jésus et le démon!


Port de Risor

Très jolies, les maisons des petites villes de la côte sud norvégienne sont toutes en bois, peintes en blanc et bien fleuries. Risor, Flekkefjord et Egersund nous en donnent de beaux exemples et il est très agréable de flâner dans les rues étroites de leurs vieux quartiers.

Sogndalfjord

À Sogndalfjord, nous dormons au bord de l'eau en bordure du village qui est réputé pour ses maisons pittoresques et ses entrepôts en bois bâtis au-dessus de la rivière aux 17e et 18e siècles. Quel décor!

Jolies maisons de bois blanches du Vieux Stavanger

Située tout au sud-ouest de la Norvège, la riche ville pétrolière de Stavanger ne manque pas d'attrait. En plein centre-ville, son port reçoit de grands bateaux de croisières, ses rues commerciales piétonnes sont animées et son vieux quartier abrite encore plusieurs dizaines de jolies maisons de bois blanches des 17e et 18e siècles.

Impressionnantes maquettes de plate-formes de forage en mer

Autre attrait de Savanger, son musée du pétrole, un musée ultra-moderne qui retrace l'histoire de la formation du pétrole et son exploitation en mer du Nord depuis 1969, date à laquelle le premier gisement fut découvert en Norvège. Donc riche la Norvège, grâce à son pétrole. Et le pétrole, c'est le bas de laine des norvégiens. «Pour la plupart des pays disposant d'importantes réserves de pétrole, l'épuisement des ressources pétrolières est source d'inquiétude. Mais pas pour la Norvège. Quand les caisses se remplirent rapidement grâce aux revenus du pétrole dans les années 1970, les autorités commencèrent par développer les infrastructures du pays, puis affectèrent une partie des profits au remboursement de la dette extérieure, qui fut soldée en 1995. L'année suivante, en 1996, le gouvernement lançait le Fonds pétrolier norvégien dans le but de garantir le bien-être des générations futures. Et, surtout épargner suffisamment pour financer les dépenses de santé et les retraites d'une population vieillissante. Rebaptisé en 2006 Fonds de pension gouvernemental, cette épargne constitue la réserve publique la plus importante d'Europe, grâce à une valeur qui devrait atteindre les 765 milliards de dollars US d'ici à 2014.»

Les fjords du sud-ouest (Rogaland et Hordaland), de Stavanger à Bergen

24 au 29 juin 2014

Réal salue du haut du Preikestolen (604 m) sur le Lysefjord
Voilà, c'est parti pour les fjords. Le premier mais non le moindre, fut le Lysefjord. Celui-là, nous choisissons de l'admirer d'en haut. Une randonnée réputée permet de rejoindre le Preikestolen (le rocher de la Chaire). Avec ses trois faces presque lisses plongeant à pic sur 604 m. dans les eaux du fjord, le Preikestolen forme une plate-forme de 25 m2 qui offre des vues vertigineuses et plongeantes, c'est le moins qu'on puisse dire!

Le site, dominant tout le fjord qui s'étire sur 42 km, est aussi le point de départ de plusieurs autres randonnées qui gravissent les rochers granitiques et qui nous portent encore plus haut. C'était tellement beau et grandiose là-haut que cette randonnée de 2 heures s'est transformée en une de 7 heures!

Puis, débutent les petites routes sinueuses, étroites et truffées de tunnels, le long des fjords, à flanc de montagne. Souvent deux automobiles ne peuvent se croiser, imaginez les camping-cars, les bus et les camions. Heureusement, il y a peu de circulation et les gens sont habitués et respectueux des limites de vitesse, souvent 70 km/hre et moins. Des élargissements ici et là permettent de se croiser. Finalement, durant tout notre séjour en Norvège, jamais il n'aura fallu reculer devant une impasse. Ralentir oui, se ranger sur le côté oui, passer serré et même très serré oui, mais jamais reculer.

Nous avons vu plusieurs camping-cars avec des miroirs qui ne tenaient en place que grâce à un savant enchevêtrement de «duct tape»! Heureusement, notre Hymer a un bon chauffeur! Un chauffeur de catamaran, ça estime bien les distances!!!

Réal dominant le majestueux Lysefjord

Autre point positif à souligner, le pavé des routes est en général en bon état, même sur les routes secondaires. Surprenant dans un pays où le gel et le dégel sont bien présents. Construites sur le roc, elles ont peut-être moins tendance à bouger et, nous l'avons remarqué, l'entretien des routes est impeccable. Très agréable donc de circuler en Norvège même s'il faut rouler lentement, ça nous laisse le temps d'admirer le paysage. Très courtois aussi les automobilistes et respectueux des limites de vitesse; même si on roule lentement, il faut insister pour leur permettre de dépasser; ils vous suivent loin derrière, ils ne cherchent pas à doubler et même si on ralentit et qu'on leur signale avec les clignotants qu'ils peuvent le faire, plusieurs n'en profitent pas, pas stressés ces norvégiens!

Rando au glacier du Buer

La région du Rogaland n'a pas que des fjords à offrir mais aussi des glaciers. La calotte glaciaire du Folgefonna couvre 168 km2 avec une glace épaisse de 400 m par endroits. C'est un lieu spectaculaire où les bras du glacier s'immiscent dans plusieurs vallées. Depuis Odda, nous avons fait une magnifique randonnée qui nous a permis de rejoindre le glacier qui dévale la vallée du Buer.

Ferme de la vallée du Buer

Remarquables également les fermes qui jalonnent cette vallée. Les norvégiens sont réputés pour installer des fermes partout où un peu de foin peut pousser, peu importe la pente! Dans la vallée de Buer, on a pu voir de très jolies fermes encore en exploitation malgré le fait que du 25 septembre au 18 mars, le soleil n'atteint pas le fond de la vallée! Dure, dure, la vie des norvégiens!

Les chûtes et la vallée de Voringfossen

Depuis Odda, longeant le Sorfjord puis le Eidfjord, des bras du majestueux Hardangerfjord, nous avons atteint la spectaculaire chute de Voringfoss de 182 m de hauteur. Un vieil hôtel, le Fossli, construit en 1890, 25 ans avant que la route ne l'atteigne, rappelle que ce n'est pas d'hier que la Norvège est appréciée des touristes. Ici, ce sont les fjords, les chutes et les plateaux désertiques qui ont attiré maints touristes aventuriers dès le 19e siècle; ailleurs, ce sera la pêche au saumon ou le ski qui, depuis longtemps, ont exercé un attrait irrésistible, notamment sur les anglais qui semblaient amateurs de ce genre de paysage et d'aventure.

Jolie Bergen avec ses maisons-entrepôts sur le port

De fjord en fjord, nous voici rendus à la jolie ville de Bergen, escale très réputée pour les nombreux croisiéristes des fjords de Norvège. Entre mer et montagnes, Bergen est souvent qualifiée de plus belle ville d'Europe du nord avec son vieux quartier portuaire (Bryggen) qui est inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco. Entourée de sept collines et d'autant de fjords, Bergen (256 600 hab.) était aux 12e et 13e siècles la capitale de la Norvège et de loin sa plus grande ville. Durant 400 ans, Bergen fut dominée par une communauté très fermée de marchands germains (allemands) qui y exploitait un comptoir commercial très lucratif, important des céréales et exportant de la morue séchée et divers produits.

Le quartier du vieux port (Vagen) compte plusieurs maisons de bois avec pignons et façades colorées qui cachent à l'arrière de longues rangées de plus petites maisons et ateliers qui datent de 1702, année de reconstruction de la ville, après un terrible incendie qui la ravagea entièrement.  

Les fjords de l'ouest (Sogn, Fjordane et Romsdal) De Bergen à Trondheim

30 juin au 15 juillet 2014

Naeroyfjord, inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco

Après Bergen, retour aux fjords. À Gudvangen, le Naeroyfjord, inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco, s'étire sur 17 km et, tel que son nom l'indique, il est très étroit et encaissé (250 m à son endroit le plus étroit).

Cette fois-ci, c'est depuis le niveau de la mer grâce à une croisière de 2 heures que nous visiterons ce fjord réputé ainsi que son voisin, l'Aurlandsfjord, deux bras du Sognefjord, le fjord le plus profond (1308 m) et le plus long du pays (203 km). De chaque côté du fjord, des falaises culminent à 1200 m et ses pentes sont émaillées de cascades et de fermes isolées. Malheureusement, le temps était nuageux. «Vous êtes chanceux», nous dit le capitaine, habituellement, il pleut toujours ici!

C'est vrai qu'il a fait exceptionnellement beau depuis que nous sommes en Norvège. Les gens nous disent qu'il n'a pratiquement pas plu depuis 3 mois et les gazons jaunis nous le confirment! Même les conifères en forêt semblent en souffrir, plusieurs virant au jaune. Lorsque le ciel se couvre et qu'une petite pluie se présente, cela ne dure pas. D'ailleurs, nous apprendrons plus tard que l'été 2014 aura été le plus chaud en Norvège depuis 1986! Youppi!

Depuis le Stegastein, vue imprenable du Sognefjorden
Depuis Aurland, nous empruntons le plus long tunnel routier au monde, 24,5 km, pour atteindre Laerdal. Mais auparavant, nous grimpons avec la moto l'ancienne route qui montait sur le haut plateau désolé mais magnifique pour admirer la vue du fjord depuis la plate-forme de Stegastein. En surplomb et loin en contrebas, le village d'Aurland et son fjord nous offrent une image saisissante de sérénité d'une grande beauté.

Beau trophée de pêche !

Dans la région de Laerdal, il y a deux vedettes : les fruits rouges et le saumon. Cette jolie vallée verdoyante est en effet propice à la culture des fraises et des cerises et elle abrite aussi une des meilleures rivières à saumon du pays. Nous nous sommes donc régalés de ces fraises, très savoureuses en effet. Le goût des vraies fraises, celles des jardins de nos grands-parents, pas ces fraises obèses gorgées d'eau qu'on retrouve dans les supermarchés.

La pêche sportive au saumon a fait la réputation de ce petit village depuis belle lurette. Les anglais viennent y pêcher le saumon depuis plus de 150 ans. Un centre d'interprétation sur le «villaks», le saumon sauvage, présente le cycle de vie du saumon et différentes facettes de la pêche sportive et commerciale.

Un aquarium naturel permet aussi d'admirer ces magnifiques bêtes qui peuvent atteindre 35 kg. Après avoir visionné le film qui relate toutes les étapes de la vie d'un saumon, de la fraie en rivière en passant par le séjour en mer puis le retour à la même rivière pour se reproduire, on ne peut qu'admirer la combativité de cet animal. Une statistique est éloquente : sur 7000 œufs pondus, seulement 4 saumons réussiront à compléter le cycle, c'est-à-dire revenir à leur rivière natale pour se reproduire soit un taux de 0,05%! Quant à savoir comment les saumons font pour revenir à leur rivière après des séjours de un à trois ans en mer, c'est toujours un mystère, dame Nature nous en met encore plein la vue!

Saumon sauvage dans un aquarium naturel

Le village de Laerdal est très fier de son histoire. L'Office de tourisme nous invite à faire le tour à pied du vieux quartier pour admirer les vieilles maisons en bois, les entrepôts et cabanes de pêcheurs datant des 18e et 19e siècles.

Briskdalbreen, le glacier et sa chute

Nous quittons le Sognefjord pour se diriger vers le glacier Jostedalsbreen qui forme la plus grande calotte glaciaire d'Europe continentale. Pendant des années, ce puissant glacier a continué d'avancer alors que la plupart des glaciers reculaient en raison du réchauffement climatique. Mais aujourd'hui, le Jostedalsbreen a succombé et il recule également. Il reste toutefois imposant abrasant jusqu'à 400 000 tonnes de pierres par an. D'une superficie de 487 km2, il atteint par endroits une épaisseur de 600 m. Facile d'accès en quelques endroits, nous avons pu admirer sa couleur bleutée et nous approcher de la glace. La rando vers la langue du Briskdalbreen nous a offert de magnifiques paysages. Partout des chutes témoignent de la quantité phénoménale de glace et de neige formant le Jostedalsbreen. Et que dire des rochers que nous côtoyons pour nous rendre au glacier. Eux aussi, ils ont gardé les cicatrices de la masse de glace qui les a broyés il y a quelques milliers d'années. Encore une fois, la nature est impressionnante!

En route vers Geiranger par la vieille route

Pour atteindre le réputé fjord de Geiranger, nous choisissons d'emprunter la vieille route de montagne, la «Gamle Strynefjellsvegen» au lieu du tunnel plus rapide mais nettement moins scénique et nous n'avons pas regretté notre choix. Considérée comme un chef-d'oeuvre d'ingénierie civile à l'époque, elle fut ouverte à la circulation en 1894. Jusque dans les années 1950, une équipe de 200 ouvriers, armés uniquement de pelles, la dégageait après un long hiver, creusant sur des kilomètres entiers une neige haute de plusieurs mètres. Les ouvriers utilisaient des plaques de terre qu'ils étendaient sur la neige  pour que le soleil les réchauffe, accélérant ainsi la fonte de la neige. Des cabanes qui stockaient ces plaques de terre sont toujours visibles le long de la route. L'ascension jusqu'au haut plateau est spectaculaire avec ses filets d'eau tombant des hauteurs et ses petits lacs turquoises et ses torrents qui longent la route en charriant de la glace fondue. Là, sur ce plateau d'altitude la végétation est éparse, la roche est omniprésente et on s'attend à voir surgir un renne à chaque détour... mais ce ne sera pas le cas, juste des moutons. Il va falloir attendre encore quelques jours avant d'atteindre le pays des rennes. Patience...

Rude climat sur les plateaux

L'arrivée à Geiranger depuis la route de montage est spectaculaire. Ce ne sont pas moins que 38 lacets qu'il faudra négocier depuis la montagne pour rejoindre le niveau de la mer et le fjord de Geiranger. À chaque détour, le décor grandiose se dévoile un peu plus et nous arrache des Oh! et des Ah! Lors de notre descente avec le camping-car, il pleut, la brume a envahi le fjord, c'est fantomatique mais pas très photogénique. On se reprend toutefois le lendemain, sous un beau soleil et un ciel tout bleu; nous retournons grimper les lacets avec la moto et nous poussons jusqu'au belvédère de Dalsnibba à 1 500 m d'altitude qui offre un point de vue spectaculaire sur le fjord. WOW!

Le fameux fjord Geiranger

La chute des «Sept soeurs» sur le fjord de Geiranger
Le beau temps nous incite à faire une visite en bateau de ce fjord inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco. Sur 20 km se succèdent dans ce fjord étroit de nombreuses cascades qu'on a baptisées de noms évocateurs tels «les Sept sœurs, le Soupirant et le Voile de la mariée». On y découvre également avec stupeur quelques fermes de montagne installées en hauteur sur de minuscules parcelles à peine cultivables. Quelle idée d'aller se percher dans de tels endroits qui semblent inatteignables! Depuis les années 1960, ces fermes ne sont plus habitées car trop exposées aux avalanches et aux glissements de terrain mais une association locale les entretient et les exhibe fièrement comme une partie du patrimoine norvégien.

La route de l'Aigle
Pour quitter Geiranger, nous empruntons la route de l'Aigle qui ajoute encore de superbes photos dans notre boîte à souvenirs et, hop, en onze lacets, nous nous retrouvons sur le plateau dominant le fjord. Geiranger, on s'en souviendra longtemps. Quel endroit magnifique mais il fallait être «fait fort» pour y vivre aux 18e et 19e siècles. Imaginez, 38 lacets d'un côté et 11 de l'autre, il n'y a pas d'autre issue terrestre, sinon, par bateau mais en hiver... brrrrrrr !

Prochain arrêt, Alesund, retour sur le bord de la mer. Plutôt intriguant à prime abord de découvrir cette ville dont tous les édifices affichent un «art nouveau» indéniable et de voir l'année 1905 inscrite sur la plupart des façades. La raison en est simple : un incendie a complètement détruit la ville en 1904 laissant 10 000 de ses 12 000 habitants sans abri.


Le style «art déco» d'Alesund

«C'est l'empereur d'Allemagne, Guillaume II qui vient en aide à la ville le plus rapidement, envoyant des cargaisons de ravitaillement et des matériaux de construction. Des ouvriers qualifiés arrivent de toute la Norvège, la plupart après avoir marché plusieurs jours, et reconstruisirent Alesund en un temps record. Des jeunes architectes norvégiens, pour la plupart formés en Allemagne, dotèrent la ville du style Art nouveau caractéristique de l'époque, en ajoutant quelques ornements et motifs traditionnels, notamment vikings et celtiques. Des édifices agrémentés de tourelles, de flèches, de gargouilles et d'autres éléments fantaisistes apparurent dans toute la ville.»

L'église d'Alesund qui date de 1909 vaut aussi le coup d'oeil pour son large choeur dont chaque centimètre carré est recouvert de fresques. Les vitraux sont aussi remarquables, notamment ceux de l'aile nord qui arborent un thème marin ainsi que l'autel et la chaire finement sculptés.

Outre son architecture, Alesund est réputée pour son musée en plein air, le Sunmore Museum. Plus de 50 bâtiments traditionnels de la région ont été transférés sur le site d'un ancien comptoir de commerce en activité du 11e au 16e siècle. Les bâtiments datent surtout des années 1800 mais le plus ancien remonte aux années 1700. Outre ces bâtiments, le site abrite une collection de navires anciens et des répliques de bateaux vikings.

Les «kirkebuder»,  le pied-à-terre en ville

On y apprend que tous les fermiers de la région étaient aussi reconnus comme de bons constructeurs de bateaux puisqu'ils pratiquaient la pêche autant que l'agriculture et que la région regorgeait de pins, l'essence de bois utilisée pour fabriquer les bateaux. Très intéressant aussi d'apprendre que les petites maisons de bois que l'on voit fréquemment de long des fjords, les «kirkebuder», pouvaient servir d'entrepôts pour les produits qu'on achetait en ville et qu'on ramenait à la ferme ou, inversement, les produits de la ferme destinés à être vendus en ville mais on y laissait également des vêtements «propres» qu'on enfilait lorsqu'on arrivait de la ferme (souvent éloignée de plusieurs km) avant d'aller en ville ou à l'église; on y dormait même au besoin la nuit. De même, chaque ferme possédait un «naust», un garage à bateau. Tout l'équipement requis pour la pêche et les voyages en mer y étaient entreposés et bien rangés de sorte que très tôt le matin, à la noirceur, on pouvait se préparer et partir en mer.

Les jardins norvégiens !

Évidemment, on se régale de voir autant de toits recouverts de végétation. Fougère, mousse, graminées et mêmes fleurs décorent les toits des bâtiments norvégiens et ce, même sur des édifices contemporains. Des écorces de bouleaux étaient installés entre la tourbe et le toit de bois pour le protéger de la pourriture et des pierres installées tout autour de la toiture pour maintenir la tourbe en place. Après les jardins anglais, place aux jardins norvégiens!

Coucher de soleil vu de notre bivouac à Andalnes
Andalsnes fut une étape coup de cœur! On a tellement aimé qu'on y a dormi 3 nuits, une première depuis le début de notre voyage norvégien. La petite ville d'Andalsnes, tout au bout du Romsdalfjord n'a rien de très spécial en soi mais elle est entourée de montagnes magnifiques et les environs ne manquent pas d'attraits. Notre site de camping était tout simplement idyllique sur le bord du fjord, avec comme décor fleurs sauvages et montagnes et, en prime, des voisins français fort sympathiques, Béatrice et Gérard, avec qui il fut agréable de sympathiser autour d'un bon apéro. Pas étonnant qu'on s'y soit attardé!

L'Échelle des Troll

Andalsnes est le point d'arrivée de la célèbre Trollstigen (échelle des Troll). Avec une pente à 12 degrés et 11 virages en épingle, cette route est impressionnante à gravir ou à descendre. Elle fut achevée en 1936 après 8 ans de travaux. Plusieurs cascades dévalent ses versants et ajoutent au spectacle. La Trollstigen ne comporte la plupart du temps qu'une seule voie ce qui n'empêche pas les campings-cars et les autobus de touristes de l'emprunter. Lors de notre passage, par un beau dimanche ensoleillé, il y avait en plus une course cycliste qui la gravissait. Heureusement nous étions en moto ce qui nous a permis de nous faufiler dans les embouteillages tout en ayant une bonne pensée pour les camping-caristes qui tentaient tant bien que mal de négocier tous ces virages et croisements!

Le Mur des Troll

Il y a aussi le «Mur des Troll», la plus haute paroi verticale d'Europe dont on dit qu'elle représente le défi ultime des alpinistes. Il fut escaladé pour la première fois en 1958 par une équipe anglo-norvégienne. La paroi a coûté la vie à plusieurs alpinistes et aussi à des adeptes de «base jumping», ces derniers étant dorénavant interdits. Les montagnes qui entourent la ville sont les plus magnifiques les unes que les autres; certaines ont des sommets arrondis qui témoignent du passage des glaciers alors que d'autres sont coiffées des pics acérés spectaculaires.

Panorama magnifique autour d'Andalnes

De belles randonnées en moto nous ont permis de pénétrer dans d'étroites vallées où coulent des eaux tumultueuses et glacées venant des montagnes et où les fermiers ont réussi à s'installer et à cultiver quelques parcelles de terre.

Première prise... mais non la dernière
C'est aussi à Andalsnes que Réal a «étrenné» sa nouvelle canne à pêche. Plusieurs camping-caristes rencontrés nous ayant vanté les eaux poissonneuses du nord de la Norvège, nous avons donc fait l'achat d'une canne à pêche et, tel que promis, dès le 3e lancer, une belle prise, un aiglefin (haddock) qui nous donnera un excellent souper. C'est donc un très bon début, à suivre...

Retour ensuite sur le bord de la mer pour emprunter une autre «route touristique nationale», telle que les norvégiens désignent les plus beaux tronçons de route du pays, la Route de l'Atlantique. Cette dernière fait environ une trentaine de kilomètres mais les plus spectaculaires sont les huit derniers kilomètres où se succèdent des ponts, comme des sauts de crapaud, pour relier 17 îlots. À notre passage, le temps était pluvieux et la mer d'un calme plat mais il paraît que lorsque la tempête se déchaîne, on y ressent la force prodigieuse de la nature avec le vent et les vagues qui balaient la route. On a vu des photos, on le croit sur parole!

Bud, un village de pêcheurs sur la Route de l'Atlantique

Au départ de la Route Altantique, le petit village de pêcheurs de Bud, blotti autour de son port, demeure authentique et actif même si les morues se font de plus en plus rares aux alentours. Il fut une époque où les pêches étaient presque miraculeuses ici mais ce n'est plus le cas. Le miracle vient plutôt de l'immense champ gazier au large des côtes qui fournit 20% des besoins du Royaume-Uni.

L'un des ponts de la Route de l'Atlantique

Mais revenons à cette fameuse Route de l'Atlantique, l'Atlanterhavseien, une route touristique nationale que certains ont déjà déclaré comme étant «le plus beau parcours routier du monde». C'est un peu, beaucoup exagéré comme énoncé mais ce fut quand même agréable de la parcourir même si ni la tempête, ni le soleil n'étaient au rendez-vous, seulement un petit temps gris et pluvieux... nous sommes en Norvège tout de même!

Prochain arrêt, Trondheim, première capitale de la Norvège, aujourd'hui troisième plus grande ville du pays après Oslo et Bergen. Une longue histoire, une cathédrale médiévale, des rues larges, un centre piétonnier, une ville universitaire, de nombreux cafés et restos en font une ville charmante.

Cathédrale de Nidaros, Trondheim

«En 997, le roi chrétien Olav 1er choisit un large banc de sable à l'embouchure de la rivière Nid pour ancrer son bateau et établit une ferme à proximité. Selon une théorie plausible, Leif Eriksson rendit visite au roi deux ans plus tard et se convertit au christianisme avant de faire voile sur l'Islande et le Groenland; il fut peut-être le premier européen à poser le pied en Amérique du Nord.»

La cathédrale de Nidaros fut construite sur le site de la tombe de saint Olav, le roi canonisé et déclaré martyr après sa mort en 1030. Le culte de saint Olav prit rapidement de l'ampleur et pas moins de 340 églises lui furent consacrées en Scandinavie, en Grande-Bretagne, en Pologne, en Allemagne et dans les pays baltes. Sa tombe devint alors le point le plus septentrional des pèlerinages complétant ainsi Rome au sud, Jérusalem à l'est et Saint-Jacques-de-Compostelle à l'ouest. Si ce chemin de pèlerinage vous intéresse, sachez qu'il s'agit de 926 km entre Oslo et Trondheim, un sentier accidenté tracé surtout en montagne, beaucoup plus exigeant que Compostelle! Le culte de saint Olav perdura jusqu'à la Réforme en 1537 alors que la Norvège adhéra à l'église luthérienne.

Quant à la cathédrale, c'est le plus vaste édifice médiéval de Scandinavie. Érigée au 12e siècle, elle a été admirablement restaurée au début du 20e siècle, sa nef ayant été détruite à plusieurs reprises par des incendies. La visite guidée (en français svp) est intéressante et elle s'agrémente d'un mini-concert de l'orgue qui fait la fierté de la ville avec plus de 12 000 tuyaux! Soulignons que contrairement à ce qu'on a observé ailleurs en Europe dans les églises catholiques, les visites d'églises en Norvège sont payantes; d'ailleurs tout est payant en Norvège, même l'entrée dans certaines galeries d'art sont payantes...!

S'embrasser sous l'arche du vieux pont porte chance !
À la sortie de la cathédrale, nous avons la chance de rencontrer Nina, une charmante dame native de Trondheim qui venait de fleurir la tombe de ses ancêtres. Très fière de sa ville, elle nous pointe les principaux sites à visiter et nous conduit même sur le «Gamle Bybro», le pont de la vieille ville qui offre une vue superbe sur les pittoresques entrepôts de marchandise des 18e et 19e siècles qui rappellent ceux de Bergen. Elle nous chante une chanson qui parle de ce pont et nous affirme que s'embrasser sous les arches du pont porte chance, ce que nous nous empressons de faire, avec beaucoup de plaisir bien évidemment!

Les anciens entrepôts du vieux Trondheim

La route de l'Arctique, de Mosjoen à Bodo

17 au 21 juillet 2014

Belle pêche dans le Vefsnfjorden près de Mosjoen

Les prochains jours sont consacrés à l'entretien du camping-car. Un changement d'huile s'impose (450$!!!) et il faut aussi faire réparer la porte de la cabine qui soudain refuse de s'ouvrir. Heureusement, la dame de l'office de tourisme de Mosjoen a à cœur de servir sa clientèle et, après de multiples coups de téléphone, elle nous obtient un rendez-vous dans un garage des environs pour ce faire. Il faut attendre lundi matin, grand bien nous en fasse, nous trouvons un superbe endroit sur le bord de la mer pour nous garer. Il fait grand soleil, Lucie brave l'eau glaciale du fjord pour une saucette rafraîchissante et, en prime, la pêche est bonne! Nous ferons honneur au souper à nos premières morues, délicieuses !

À la latitude du cercle polaire arctique,
66 degrés 33' N, sous un beau soleil !

À partir de Trondheim, une seule route monte vers le nord et on la surnomme à juste titre, la route de l'Arctique. En effet, c'est à mi-chemin entre Mosjoen et Bodo que nous traversons le cercle polaire arctique à la latitude 66033' N. Cette latitude marque la limite méridionale du soleil de minuit lors du solstice d'été, et celle de la nuit polaire lors du solstice d'hiver. L'endroit où la route traverse cette latitude est situé sur un haut plateau aride avec peu de végétation, on y sent bien la nordicité. Coïncidence par ailleurs puisque quelques kilomètres plus loin, on redescend au niveau de la mer sous un soleil resplendissant qui nous fait oublier aussitôt l'arctique même si on sait bien que des températures plus froides nous attendent bientôt.

Le soleil de minuit à Bodo, magique !

Près de Bodo, nous ne manquons de nous arrêter au fameux «maelström» de Saltstraumen, réputé le plus grand au monde. Ce phénomène naturel se produit 4 fois par jour, lorsque dans le détroit de Saltstraumen, long de 3 km et large de 150 m, la marée provoque le déversement d'un fjord ans un autre créant l'équivalent d'une chute d'eau dans la mer. Toutes les 6 heures, 400 millions de mètres cubes d'eau déferlent à une vitesse de 20 nœuds créant parfois des tourbillons immenses et des creux impressionnants. On nous dit que les bons jours, c'est un spectacle étourdissant mais il arrive parfois que le phénomène ne soit guère plus impressionnant qu'une baignoire qui se vide ce qui fut le cas pour nous. Par contre, cet environnement est idéal pour le plancton qui attire nombre de poissons... et de pêcheurs! En moins d'une heure, nous avons récolté 11 lieux noirs qui nous ont nourri pendant 3 jours!

Les îles Lofoten, Vesteralen et Senja

22 juillet au 1er août 2014

Les Lofoten, cet archipel de six îles que nous atteignons après 3,5 heures de traversier depuis Bodo est presque mythique. Tous les voyageurs en parlent avec force de qualificatifs et ce, à juste titre, nous n'avons pas été déçus. Un décor idyllique avec des montagnes taillées au couteau qui abritent des villages de pêcheurs, certains encore très actifs et authentiques, d'autres davantage tournés vers le tourisme. Des ponts relient quatre des six îles, Moskenesoy, Flakstadoy, Vestvagoy et Austvagoy et ce sont celles-ci que nous avons parcourues à pied, à moto et avec le camping-car.

 Les Lofoten, des villages de pêche

Les Lofoten demeurent commercialement très actives. Chaque hiver, l'arrivée du Gulf Stream dans les eaux glacées de l'océan Arctique provoque la migration des bancs de cabillauds (morues) de la mer de Barents. Depuis des siècles, les pêcheurs de la côte nord du continent profitent de cette manne. Bien que les stocks de cabillauds se soient effondrés ces dernières années, la pêche reste, avec le tourisme, la principale industrie des îles, comme en témoigne les innombrables séchoirs en bois dans presque tous les villages.

«L'histoire des Lofoten se confond avec celle de la pêche sur ces mers où viennent frayer les cabillauds depuis la fonte des glaciers il y a 10 000 ans. En 1120, le roi Oystein fonda la première église et fit construire des «rorbuer», de simples cabanes en bois de 4 m sur 4 m pour les pêcheurs, avec une cheminée, un sol en terre battue et un porche. L'initiative n'était pas entièrement philanthropique : le souverain prenait ainsi le contrôle de l'économie locale et s'assurait un revenu substantiel en prélevant des taxes. Au début du 19e siècle, le contrôle du commerce tomba aux mains de marchands-propriétaires qui obligèrent les occupants de leurs rorbuers à leur livrer l'intégralité de leurs prises à des prix imposés par eux-mêmes. En 1857, la loi des Lofoten diminua grandement leur pouvoir mais il fallut attendre la loi de 1936 pour que ces marchands n'aient plus le droit de fixer les prix.» La description de cette dernière époque nous a bien sûr rappelé la Gaspésie...

Bateau de pêche typique des Lofoten

Bien que la surpêche ait fortement réduit les stocks de cabillauds, les prises restent substantielles, quelque 50 000 tonnes par an. La saison de pêche culmine entre janvier et avril quand le poisson arrive de la mer de Barents pour frayer dans le Vestfjord.


Morue séchée ou stockfisch

Les Lofoten se spécialisent dans le stockfisch. Selon cette méthode ancestrale, 15 000 tonnes de poissons sont décapités chaque année, calibrés par paire et liés, puis accrochés sur d'immenses cadres en bois que l'on voit partout sur les îles. Le poisson perd environ 80% de son poids avant d'être essentiellement exporté en Italie, en Espagne et au Portugal. Le stockfisch se conserve des années et peut se manger cru (un peu caoutchouteux, mais bon avec une bière), salé ou reconstitué dans l'eau. D'une très forte valeur nutritive, il contient pas moins de 80% de protéines. Avant de sécher le poisson, on récupère la quasi-totalité des abats. La langue est une gourmandise locale (les enfants qui l'extraient sont payés à la pièce), les œufs sont salés dans d'énormes tonneaux à vin allemands et les têtes sont envoyées au Nigeria pour confectionner un plat traditionnel épicé. Du foie, on extrait une huile riche en vitamine D; nos lecteurs plus âgés se rappelleront peut-être en grimaçant avoir dû avaler chaque jour en hiver une cuillèrée d'huile de foie de morue. Aux Lofoten, on vous affirme que l'huile n'a mauvais goût que lorsqu'elle est rance...

Rando sur l'île de Moskenesoy

Nous avons joui d'une température particulièrement clémente et chaude aux Lofoten ce qui nous a permis de les explorer à pied et à moto aussi. Ces montagnes qui bordent leur côte atlantique et qui paraissent à prime abord peu hospitalières regorgent en fait de lacs et de cascades qui se prêtent merveilleusement bien à la randonnée pédestre. Notre plus belle rando fut sans aucun doute celle sur Moskenesoy. Un petit matin brumeux et couvert nous incite d'abord à remettre cette rando au lendemain mais voilà que vers 13 hre, la brume se lève et le soleil apparaît. Puisque les journées sont très longues à cette latitude, nous nous mettons en route à 14 hre pour une rando de 5 heures, impensable au Québec! Ce fut une de nos plus belles journées aux Lofoten. Un terrain bien accidenté, exigeant certes, mais qui nous a récompensés avec des panoramas magnifiques parsemés de petits lacs de montagne aux eaux cristallines.

Bande de brume persistante

Parlons un peu de cette brume dans les Lofoten... une large bande de brume s'étire parfois un peu au-dessus de l'horizon sur plusieurs kilomètres et y persiste toute la journée malgré le soleil qui brille de tous ses feux et dont on croit qu'il devrait la brûler, et bien non! Très joli pour les photos, nous en avons été victimes toutefois lors d'une balade à moto sur Vestvagoy où nous devions atteindre un pittoresque village sur la côte atlantique mais nous nous sommes plutôt retrouvés au beau milieu d'un immense banc de brume dont nous sommes sortis frigorifiés!

La saison de pêche à la morue est de janvier à avril... Brrrrrr !

Dernier commentaire sur les Lofoten... nous avons pu voir plusieurs photos hivernales de ces îles, des décors grandioses qui nous portent toutefois à avoir le plus grand respect pour tous ces hommes qui partaient pêcher la morue en haute-mer durant l'hiver. Même avec les bateaux bien équipés et les vêtements chauds d'aujourd'hui, c'est un métier fort exigeant. Quant aux pêcheurs des 18e et 19e siècles, dans leurs barques à rames... les mots nous manquent, incroyable !

Décor des Vesteralen

Au nord des Lofoten, un autre archipel attire notre attention, les Vesteralen. Ici aussi les villages de pêcheurs sont adossés à de grands pics rocheux qui surgissent de l'océan arctique. Moins touristique que les Lofoten, la pêche n'en est toutefois pas moins vivante. Petits ports et usines de transformation s'égrainent sur les côtes déchiquetées et au bord des fjords. Entre Sto et Nyksund, nous faisons une belle randonnée pédestre le long de la mer malgré les nuages bas et menaçants présents toute la journée. Des ruines d'une ferme, quelques moutons et même une plage ponctuent le sentier qui serpente au pied des montagnes.

Arc-en-ciel à Senja

Décor tout aussi géant à Senja, la seconde plus grande île de Norvège où certains villages fermés dans les années 1960 revivent grâce à des artistes et à des amoureux de la nature et des grands espaces. La route qui longe la côte ouest de l'île nous offre des décors uniques qui ont même un air dramatique sous ce temps orageux et gris.


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